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tait à intervenir avec le docteur. Mais presque aussitôt, ceux-ci le virent qui se domptait, qui retrouvait le pli moqueur de ses lèvres, en apercevant de nouveau, debout au pied du lit, Nora un peu pâle, étonnée que l’enfant eût osé dire la chose, toujours superbe d’ailleurs et quand même insolente. Ce fut Valentine qui, seule, osa s’indigner, crier sa révolte, en un cri de fierté et d’autorité, où se retrouvait le sang des Vaugelade, si gâté qu’il pût être.

Elle marcha sur l’institutrice, elle lui dit dans la face :

« C’est immonde, ce que vous avez fait là, mademoiselle. La dernière des filles, dans la dernière des maisons publiques, n’aurait pas eu l’idée de cette ignominie, souiller si bêtement, si bassement l’enfance, détruire tout respect, toute tendresse entre une mère et sa fille. Vous êtes une malade ou la pire des coquines… Allez-vous-en, je vous chasse. »

Alors seulement, Séguin, qui n’avait pas encore ouvert la bouche, daigna intervenir, fit enfin acte de maître. Il dit, de son air sec et souriant :

« Pardon, chère amie, je ne veux pas que Nora s’en aille. Elle restera… Nous n’allons sûrement pas bouleverser la maison, changer des habitudes dont nous nous trouvons très bien chaque fois que cette détraquée de Lucie aura des cauchemars, la nuit… Purgez-la-moi, docteur, douchez-la-moi fortement. Et surtout plus de visions, plus d’histoires à dormir debout, ou je me fâcherai. »

Lorsque Mathieu se trouva sur le trottoir, en compagnie du docteur, après que ce dernier se fut contenté de prescrire une potion calmante, ils échangèrent une longue poignée de main silencieuse. Puis, comme Boutan montait dans sa voiture, il dit simplement : « Est-ce complet ? Est-ce bien l’écroulement que je