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« Ce n’est pas que j’y tienne, aux Pastellistes… Ça ou autre chose. L’affaire est de tuer l’après-midi. Maindron vient de m’achever avec son premier acte… Dieu ! qu’il y a donc des journées bêtes !

— Quand elles ne sont que bêtes encore ! Sirius est malade, voilà mon écurie désorganisée, toutes les déveines !… On en finirait si volontiers !

— Comment ! c’est vrai ? Sirius est malade ! Pauvre ami, si vous voulez que nous en finissions ensemble… Je traîne, je bâille ma vie, moi !

— Moi, je la crache, je la vomis. Ah ! la sale chose ! »

Il y eut un silence, puis Séguin, languissamment, recommença.

« Alors, mon cher, pas d’autre malheur aujourd’hui ?

— Non. Les cheminées ne me tombent pas encore sur la tête. Ça viendra.

— Espérons-le. Et cette vieille gueuse de terre, avec son ignoble pullulement d’êtres, qui continue à tourner… Sirius malade, c’est la fin de tout ! »

Mathieu, ennuyé, s’était levé pour partir, lorsqu’une domestique vint expliquer longuement que Madame priait Monsieur de la rejoindre tout de suite dans la chambre de Mlle Lucie, parce que Mademoiselle s’obstinait à n’être pas raisonnable. Et Séguin continu de plaisanter, avec son flegme ironique, en se faisant accompagner des deux hommes, afin de l’aider, disait-il, à convaincre de bonne heure cette petite femme de la toute-puissance masculine.

Dans la chambre de Lucie, se passait une scène extraordinaire.

La fillette, couchée sur le dos, avait ramené la couverture à son menton, la tenant de ses deux petites mains crispées, comme pour lutter, pour empêcher qu’on ne la tirât de ce lit, dont elle s’entêtait à ne plus bouger. Elle ne montrait que sa mince face blanche,