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obstination. Il l’attrapa enfin, il lui tira violemment les cheveux.

« Oh ! le méchant ! empêche-le, Nono ! » cria-t-elle, en sanglotant, en allant tomber dans les jupes de l’institutrice.

Mais Nora la repoussait, la grondait.

« Taisez-vous donc, Andrée ! Vous êtes toujours à vous faire battre. C’est insupportable.

— Je ne lui disais rien, je lisais, expliqua la fillette au milieu de ses larmes. Il est venu m’arracher mon livre, puis il s’est jeté sur moi… Alors, j’ai couru.

— Elle est bête, elle ne veut jamais s’amuser, répondit simplement Gaston, en riant de son rire taquin. C’est pour ton bien que je te tire les cheveux, ça les allonge. »

L’institutrice se mit à rire avec lui, trouvant ça très drôle. Elle lui donnait toujours raison, le laissant régner en maître redouté sur ses deux sœurs, tolérant même en fille complaisante les farces qu’il lui faisait personnellement, comme de lui enfoncer une main froide dans le dos ou de lui sauter tout d’un coup sur les épaules.

Et Mathieu s’étonnait, s’indignait même un peu, lorsque le docteur Boutan entra. La petite Andrée, qui l’aimait pour sa bonhomie souriante, courut à sa rencontre, lui tendit le front, déjà consolée.

« Bonjour, mon enfant…. Je vais attendre votre maman qui m’a envoyé une dépêche, ce matin, et qui, paraît-il, n’est encore rentrée. Je suis d’ailleurs en avance… Tiens ! mon Mathieu, vous êtes là aussi, vous ?

— Oui. Moi, j’attends M. Séguin. »

Ils échangèrent une poignée de main affectueuse. Puis, le docteur, qui avait jeté sur Nora un regard oblique, se tourna vers elle, lui demanda si Mme Séguin était souffrante, pour l’avoir ainsi appelé par un télégramme. Elle répondit sèchement qu’elle ne savait pas. Et,