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s’étendait le domaine : ceux qui s’attardaient un peu semblaient pousser les autres. Les deux jumeaux, Blaise et Denis, âgés de quatorze ans déjà, moissonnaient les couronnes au lycée, faisant quelque honte à Ambroise, leur cadet de deux ans, qui, d’esprit vif, ingénieux, était trop souvent à d’autres sujets que ses leçons. Les quatre suivants, Gervais, les deux filles, Rose et Claire, ainsi que le dernier, Grégoire, trop jeunes pour qu’on les risquât quotidiennement à Paris, achevaient de s’élever au grand air, sans trop de plaies ni de bosses. Et, lorsque, au bout de ces deux années, Marianne accoucha de son huitième enfant, une fillette cette fois, Louise, elle ne souffrit heureusement pas comme pour Grégoire, qui avait failli lui coûter la vie, mais elle fut tout de même longue à se remettre, ayant voulu se lever trop tôt, pour une lessive. Quand Mathieu la revit debout et souriante, avec la chère petite au bras, il l’embrassa passionnément, il triompha une fois de plus, par-dessus tous les chagrins et toutes les douleurs. Encore un enfant, encore de la richesse et de la puissance, une force nouvelle lancée au travers du monde, un autre champ ensemencé pour demain.

Et c’était toujours la grande œuvre, la bonne œuvre, l’œuvre de fécondité qui s’élargissait par la terre et par la femme, victorieuses de la destruction, créant des subsistances à chaque enfant nouveau, aimant, voulant, luttant, travaillant dans la souffrance, allant sans cesse à plus de vie, à plus d’espoir.