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tout un matériel, dont le contrôle quotidien allait les écraser de besogne, tant que leurs enfants grandis ne pourraient les soulager d’une part de la tâche. Mathieu avait pris la direction des travaux de culture, les améliorant sans cesse, en continuel effort de pensée et d’action, pour faire rendre à la terre toute la vie qui dormait en ses flancs. Marianne dirigeait la ferme, veillait aux étables, à la laiterie, à la basse-cour, se révélait comme un comptable de premier ordre, tenait les comptes, payait, encaissait. Et, malgré les ennuis renaissants, des mauvais hasards, des erreurs inévitables, la fortune quand même, au travers des mécomptes et des pertes, leur donnait toujours raison, tant ils étaient braves et sages, dans la lutte incessante de chaque jour.

Puis, en dehors des bâtisses nouvelles, le domaine s’agrandit encore de trente hectares de pentes sablonneuses, jusqu’au village de Monval, tandis que, sur le plateau, trente autres hectares de bois le prolongèrent, du côté de Mareuil. La lutte de Mathieu devenait plus âpre, plus héroïque, avec ces pentes stériles, à mesure qu’il augmentait son champ d’action ; mais là était l’idée géniale, il finissait par vaincre, par les fertiliser plus largement à chaque saison, grâce aux sources fécondantes, dont il les baignait de toutes parts. De même, sur le plateau, il avait troué de larges routes les nouveaux bois acquis, afin d’établir des communications, puis de réaliser l’idée qu’il avait de transformer les clairières en pâturages où il lâcherait son bétail, en attendant de pouvoir se livrer à l’élevage. De tous côtés, maintenant, dans cet effort croissant de création, la bataille se trouvait donc engagée, élargie sans cesse ; et les chances de décisive victoire augmentaient aussi, les pertes possibles sur une mauvaise récolte étaient compensées par la prodigieuse moisson qui débordait d’un autre champ. C’était comme pour les enfants, qui continuaient à grandir, pendant que