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grosses larmes éteignaient, dans ses yeux, les paillettes d’or qui les embrasaient d’habitude. Jamais Mathieu ne l’avait vue pleurer ainsi, ces larmes achevèrent de le bouleverser, dans l’horreur que lui causait la vérité enfin connue tout entière.

« Je viens de l’embrasser encore, si blanche, si froide, reprit-elle, et tout de suite je me suis fait conduire ici. Il faut en finir, ce pauvre homme doit être prévenu, je sais bien que moi seule peux tout lui apprendre. Oh ! j’accepte le danger… Mais, puisque vous êtes là, venez donc avec nous. Il vous aime, nous ne serons pas trop de deux. D’autant plus que, dans la voiture, il va falloir le préparer au coup atroce. »

Elle se tut, Morange rentrait. Il surprit sans doute leurs chuchotements, il les regarda, saisi de méfiance. Puis, il avait dû réfléchir, se reprendre un peu, pendant qu’il cherchait partout ses gants. Sa voix, maintenant, tremblait d’un commencement d’angoisse.

« Dites donc, demanda-t-il, ce n’est pas grave, son indisposition ?

— Oh ! non, répondit Sérafine, qui n’osait encore lui porter le premier coup.

— Alors, vous auriez dû, de la gare, me l’amener tout de suite. C’était plus simple.

— Évidemment. Mais c’est elle qui n’a pas voulu, par crainte de vous effrayer… Vous êtes prêt, partons vite. »

Morange descendit d’un pas lourd, sans ajouter un mot. Sa tête à présent, travaillait, dégageait toutes sortes d’abjections. Reine, puisqu’il était le matin à son bureau, n’aurait-elle pu se faire reconduire chez elle, se coucher même ? Et elle n’avait donc pas à craindre de l’effrayer. Son inquiétude devenait telle, qu’il n’osait plus poser de questions, dans l’effroi sourd de l’inconnu, qui s’ouvrait là, comme un gouffre. Mais, quand il vit que