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de trouver son chapeau, ses gants, afin de ne pas faire attendre.

Dès qu’il ne fut plus là, Sérafine, qui l’avait suivi des yeux, eut un redressement de sa poitrine orgueilleuse, comme la guerrière qui reprend haleine, avant le dur combat qu’elle prévoit. Dans sa face blême, sous l’incendie de ses cheveux roux, ses yeux pailletés d’or brûlaient d’une flamme sombre. Elle rencontra ceux de Mathieu, ils se regardèrent en silence, elle d’une bravoure sauvage, lui plus pâle qu’elle, frissonnant d’un terrible soupçon.

« Quoi donc ? finit-il par demander.

— Un affreux malheur, mon ami ! Sa fille est morte ! » Il étouffa un cri, il avait joint les mains, dans un geste d’effroyable pitié.

« Morte !… Morte là-bas, chez ce Sarraille, au fond de ce bouge ! »

À son tour, elle frémit, elle faillit crier de surprise et de peur.

« Vous savez ça, vous ?… Qui vous a dit ça, qui donc nous a trahies ? »

Mais, déjà, elle se remettait, se redressait de nouveau, confessait tout, d’une voix basse et rapide.

« Vous allez voir si je suis lâche. Je ne me dérobe pas, puisque c’est moi qui ai voulu venir ici, chercher le père… C’est vrai, quand elle a été grosse, j’ai eu l’idée de l’opération, pour la débarrasser de cet enfant et des autres. Pourquoi cela n’aurait-il pas réussi avec elle, lorsque moi, je m’en étais si bien tirée ? Et il a fallu l’accident le plus inattendu, le plus imbécile, une pince dont le ressort, paraît-il, a cédé cette nuit, pendant que la garde dormait, si bien qu’on a trouvé, ce matin, la pauvre petite morte dans un bain de sang… Elle était si ardente, si jolie ! Je l’aimais beaucoup, beaucoup… »

Sa voix se brisa, elle dut s’interrompre, tandis que de