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Valérie avait une jolie toilette de léger foulard à fleurettes jaunes, tandis que sa fille Reine, qu’elle aimait à parer coquettement, était en robe de toile bleue. Et le déjeuner était aussi trop luxueux : des soles après les œufs, puis des côtelettes, puis des asperges. Tout de suite, la conversation était tombée sur Janville.

— Alors, vos enfants se portent bien ? Oh ! ce sont de si beaux enfants !… Et vous êtes heureux à la campagne ? C’est drôle, je crois que je m’y ennuierais, les distractions manquent trop… Certainement, nous serons ravis d’aller vous y voir, puisque madame Froment est assez aimable pour nous inviter.

Mais, fatalement, la conversation retomba bientôt sur les Beauchêne. C’était une hantise chez les Morange, ils vivaient dans une perpétuelle admiration, qui n’allait pas sans de sourdes critiques. Valérie, très fière d’être reçue au jour de Constance, le samedi, et d’avoir été invitée par elle à dîner deux fois, le dernier hiver, avait pris également un jour, le mardi, donnait des soirées intimes, se ruinait en petits fours. Elle parlait aussi, avec un respect profond, de madame Séguin du Hordel, du magnifique hôtel de l’avenue d’Antin, où Constance, obligeamment, l’avait fait inviter à un bal. Et elle se montrait plus vaniteuse encore de l’amitié que lui témoignait Sérafine, la sœur de Beauchêne, qu’elle ne nommait jamais que madame la baronne de Lowicz.

— Elle est venue une fois à mon jour, elle est si bonne et si gaie ! Vous l’avez connue jadis, n’est-ce pas ? après son mariage, quand elle s’est remise avec son frère, à la suite de leurs déplorables discussions d’argent… En voilà une qui ne porte pas madame Beauchêne dans son cœur !

Et elle revint une fois de plus à celle-ci, trouva que le petit Maurice, tout gros qu’il était, avait une mauvaise chair, laissa entendre quel coup terrible ce serait pour les parents, s’ils perdaient ce fils unique. Ils avaient bien