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Et il se remit à manger, sous le souffle de tempête qu’il avait déchaîne.

« Tais-toi ! Tu vas me rendre encore malade… Est-ce qu’il n’y en a pas assez de trois, des enfants ? Est-ce que tu crois que tu m’en aurais fait toute une séquelle, comme cette pauvre bête de maman s’en est laissé faire ?… Voyons, madame, trois enfants, pour des pauvres gens comme nous, est-ce que ce n’est pas assez ?

— Ah ! bon Dieu, cria gaiement Sérafine, il y en a trois de trop !… Et l’opération, est-ce très douloureux ?

— On n’en sait rien, madame, puisqu’on dort. Quand on se réveille, ce n’est guère agréable, mais ça se supporte.

— Enfin, vous êtes guérie ?

— Oui, guérie, ils me l’ont bien dit… Auparavant, ça me tenait dans les reins et dans les cuisses, des douleurs à crier. Maintenant je n’ai que de temps à autre des petites crises, et ils m’ont promis que je ne sentirais plus rien, lorsque tout sera cicatrisé. »

Ce qui l’ennuyait, c’était de ne pas retrouver ses forces. Elle mettait la journée à faire son ménage, toujours le balai à la main, dans cette folie de propreté qui devenait une torture pour son mari, réduit à ne pas cracher, à ne pas bouger, à ôter ses souliers de maçon, dès le seuil. Puis, c’étaient les trois enfants qu’elle lavait, qu’elle bousculait, à la moindre tache. Et tout de suite lasse, depuis son retour de l’hôpital, elle tombait sur une chaise, elle s’emportait, désespérée de n’être plus bonne à rien.

« Vous voyez, madame, au bout de dix minutes, j’en ai assez, continua-t-elle, en lâchant son balai et en s’asseyant. Enfin, il faut de la patience, puisqu’on m’a bien promis que je serais plus forte qu’auparavant. »

Ces détails n’intéressaient guère Sérafine, qu’une seule préoccupation hantait, sans qu’elle eût jusque-là trouvé une façon honnête de poser cette délicate question. Elle finit par se