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Mais Séguin ne donna pas même à sa femme le temps de répondre.

« Ah ! bien ! non, alors ! c’est moi qui ne serais pas venu ! Il suffit qu’on ait déjà les deux autres à traîner. Une sacrée gamine qui ne cesse de nous casser les oreilles, depuis que sa nourrice est partie ! »

Valentine expliqua qu’en effet Andrée n’était pas très sage. On l’avait sevrée au commencement de la semaine, et la Catiche, après avoir terrorisé la maison, pendant plus d’un an, par la dure tyrannie de sa royauté, venait de la plonger, par son départ, dans des embarras anarchiques de toutes sortes. Ah ! cette Catiche ! elle pouvait se vanter d’avoir coûté cher, renvoyée presque de force comme une reine qui doit finir par abdiquer, comblée de cadeaux pour elle, pour son homme et sa fillette, au pays ! Et, maintenant on avait eu beau prendre une nourrice sèche, Andrée ne jetait qu’un cri du matin au soir, on s’apercevait que la Catiche avait emporté des quantités de linge, sans compter qu’elle laissait derrière elle tout le personnel gâté, désorganisé, au point d’obliger les maîtres à faire maison nette. Cette nécessité terrible d’une nourrice, n’était-ce pas assez pour empêcher les jeunes ménages d’avoir des enfants ?

« Bah ! reprit obligeamment Marianne, quand les enfants se portent bien, tout le reste s’oublie.

— Eh ! si vous croyez qu’Andrée se porte bien ! s’écria Séguin cédant à un de ses accès de brutalité. Sans doute, cette Catiche l’avait remise d’aplomb ; mais, ensuite, je ne sais pas ce qu’elle lui a fait, la petite n’a que les os et la peau. »

Et, comme sa femme voulait protester, il se fâcha.

« Voyons, je mens, peut-être ? Nos deux autres, qui sont là, ont aussi des figures de papier mâché. C’est que tu ne t’occupes pas assez d’eux, évidemment… Tu sais bien que Santerre les appelle des fonds de panier. »