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liens, s’éveillait à l’existence, prenait des forces décisives. Comme il se débattait dans sa petite voiture et que sa mère l’en sortait, le voilà qui avait pris son vol et qui, en chancelant, venait de faire quatre pas, pour aller s’accrocher, de ses deux menottes, aux jambes de son père. Il y eut un cri d’extraordinaire joie.

« Mais il marche, il marche ! »

Ah ! ces balbutiements de la vie, ces envolements successifs des chers petits êtres, le premier regard, le premier sourire, le premier pas, quelles délices ils apportent aux cœurs des époux ! Ce sont les étapes ravies de la petite enfance, que les parents guettent, attendent impatiemment, saluent par des exclamations de victoire, comme si elles étaient chacune une conquête, une entrée nouvelle dans l’existence. L’enfant a grandi, l’enfant devient un homme. Et il y a encore la première dent perçant, telle qu’une pointe d’aiguille, la gencive rose ; et il y a aussi le premier mot bégayé, le « papa », le « maman », que l’on met beaucoup de bon vouloir à comprendre, parmi le caquetage informe, un ronron de petit chat, un babil d’oiseau bavard. La vie fait son œuvre, le père et la mère soûlés toujours ébahis d’admiration et d’attendrissement, devant cette floraison de leur chair et de leur âme.

« Attends, dit Marianne, il va revenir me trouver… Gervais ! Gervais ! »

Et l’enfant revint, après une hésitation, un faux départ, reprit, sa course, refit les quatre pas, les bras élargis et battant l’air, comme d’un balancier.

« Gervais ! Gervais ! » appela Mathieu à son tour.

Et l’enfant revint, et dix fois on voulut qu’il recommençât le voyage, au milieu des cris d’allégresse, tant on le trouvait gentil et drôle, à mourir de rire.

Puis, voyant les quatre autres, enthousiasmés, qui commençaient à le pousser et à jouer trop fort, Marianne