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superbe. Celle-ci, brune, le front bas, la face large, mise très proprement, fit un petit salut de nourrice convenable, qui a servi chez des bourgeois riches, et qui sait se conduire. Mais l’embarras de Valentine restait extrême, elle la regardait, regardait le poupon en femme ignorante, dont les deux premiers enfants avaient été nourris dans une chambre voisine de la sienne, sans qu’elle se fût jamais inquiétée ni mêlée de rien. Désespérément, tandis que Santerre se tenait à l’écart, elle fit appel aux connaissances de Mathieu, qui se récusa de nouveau. Et, alors seulement, la Couteau, après avoir jeté un regard oblique sur ce monsieur qu’elle retrouvait partout, en travers de ses affaires, se permit d’intervenir.

« Madame veut-elle avoir confiance en moi ?… Que madame se rappelle, je m’étais permis de lui offrir mes services, et, si elle les avait acceptés, elle se serait évité bien des ennuis. C’est comme pour Marie Lebleu, qui est impossible, j’aurais pu certainement avertir madame, quand je suis venue chercher son enfant. Mais, du moment que le médecin de madame l’avait choisie, bien sûr que je n’avais rien à dire. Oh ! du bon lait, elle en a ! seulement elle a aussi une bonne langue, toujours sèche… Alors, si, maintenant, madame veut avoir confiance en moi… »

Et elle s’étalait, n’en finissait pas, faisait valoir l’honnêteté de son métier, donnait du prix à la marchandise offerte.

« Eh bien ! madame, je vous dis que vous pouvez prendre la Catiche, les yeux fermés. C’est ce qu’il vous faut, il n’y a pas mieux sur la place de Paris. Regardez-moi comme c’est bâti, quelle solidité, quelle santé ! et l’enfant, voyez-moi ça, il ne demande qu’à vivre ! Elle est mariée, c’est vrai, elle a même une petite fille de quatre ans, là-bas, au pays, avec son homme ; mais, tout de même, ce n’est pas un crime que d’être une honnête