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avait sa fillette dans les bras, Santerre tenta d’intervenir, de la reconquérir par de flatteuses paroles. Mais elle ne l’écoutait pas, et il allait remettre la lutte à une autre occasion, lorsqu’une intervention inattendue lui rendit la victoire.

Céleste, entrée sans bruit, était là, attendant que Madame voulût bien lui permettre de parler.

« C’est mon amie qui est venue me voir, Madame, vous savez, la femme de mon pays, Sophie Couteau, et comme elle a justement une nourrice avec elle…

— Il y a une nourrice là !

— Oh ! oui, Madame, et une bien belle, une bien bonne. »

Puis, voyant le saisissement ravi de sa maîtresse, la joie d’être ainsi brusquement soulagée, elle fit du zèle.

« Que Madame ne se fatigue donc pas à porter la petite. Madame n’en a pas l’habitude… Si Madame le permet, je vais lui amener cette nourrice. »

Valentine s’était laissé prendre l’enfant, en poussant un soupir d’heureuse délivrance. Enfin, le Ciel ne l’abandonnait donc pas ! Mais elle discuta, ne fut pas d’avis qu’on lui amenât la nourrice, reprise de terreur à l’idée que, si l’autre, celle qui était ivre, dans sa chambre, en sortait et rencontrait la nouvelle, elle était capable de les battre tous et de se remettre à tout casser. Ensuite, elle voulut absolument emmener Santerre et Mathieu, surtout ce dernier, qui devait s’y connaître, disait-elle, bien qu’il s’en défendît. Il n’y eut que Lucie et Gaston, à qui elle défendit formellement de la suivre.

« On n’a pas besoin de vous, restez ici, jouez… Et nous autres, allons-y tous, mais doucement, sur la pointe des pieds, pour que l’autre ne se doute pas. »

Dans la lingerie, Valentine fit fermer avec soin les portes. La Couteau était là, debout, avec une forte fille, d’environ vingt-cinq ans, qui avait aux bras un enfant