Page:Zola - Fécondité.djvu/306

Cette page n’a pas encore été corrigée


Anxieusement, Mme Menoux la regardait.

« Et mon petit Pierre, comment va-t-il ?

— Mais pas mal, pas mal… Vous savez, ce n’est pas tout ce qu’il y a de plus fort, on ne peut pas dire que c’est un gros enfant. Seulement, il est si mignon, si joli, avec sa mine un peu pâlotte… C’est certain, s’il y a plus gros, il y a tout de même plus petiot. »

Elle ralentissait la voix, cherchant les mots pour inquiéter sans pourtant la désespérer. C’était son habituelle tactique, de façon à troubler le cœur, à tirer ensuite des angoisses maternelle tout l’argent possible. Cette fois, elle dut voir qu’elle pouvait pousser les choses jusqu’à inventer une légère maladie de l’enfant.

« Cependant, il faut que je vous dise, parce que, moi, je ne sais pas mentir, et qu’après tout, c’est mon devoir… Eh bien ! il a été malade, le cher trésor, il ne va pas encore très bien. »

Toute blême, Mme Menoux joignit ses petites mains frêles.

« Mon Dieu ! il va mourir !

— Mais non ! mais non ! puisque je vous dis qu’il va un peu mieux… Ah ! dame, ce ne sont pas les soins qui lui manquent, faut voir comme la Loiseau le dorlote ! Quand les enfants sont gentils, ils savent si bien se faire aimer ! Et toute la maison est pour lui, et il n’y a pas de frais qu’on ne fasse ! Le médecin est venu deux fois, il y a même eu des médicaments… Seulement, ça coûte. »

Le mot tomba, d’une pesanteur de massue. Puis, sans laisser à la mère, effarée, tremblante, le temps de se remettre :

« Voulez-vous que nous comptions, ma chère dame ? »

Mme Menoux, qui se proposait d’aller faire un paiement, avant de rentrer, fut tout heureuse d’avoir pris de l’argent sur elle. On chercha un bout de papier, pour