Page:Zola - Fécondité.djvu/301

Cette page n’a pas encore été corrigée

gros garçon barbu, qui la mangeait des yeux… Ça y est, je vous dis que ça y est ! Vous vous doutez de mon soulagement, j’en ris encore ! »

Et il poussa un profond soupir, comme si on lui ôtait de la poitrine un poids de cent livres. Depuis sa fâcheuse aventure, il avait tâté d’abord d’une femme mariée, puis s’en était écarté, dans la brusque terreur de se trouver pris à un nouveau piège ; et il revenait maintenant aux simples filles de la rue, aux filles d’une nuit qui restent sans conséquence, les seules d’ailleurs qu’il aimât par tempérament, dont la docilité complaisante rassasiât sa goinfrerie sexuelle. Il était parfaitement heureux, jamais il n’avait paru plus triomphant, plus content de lui-même.

« Mais voyons, mon cher, c’était certain ! Rappelez-vous ce que je vous ai toujours dit. Elle était bâtie pour ça, et pas pour autre chose, ça crevait les yeux ! D’abord, ça fait des rêves, ça veut se garder pour un prince qui les paiera très cher ; puis, ça se laisse aller avec le premier garçon de marchand de vin venu, ça tâche ensuite de se raccrocher à quelque bon imbécile de bourgeois, s’il s’en trouve encore par le monde ; et, quand le coup a manqué, ca reprend vite un amant, et un autre, et un autre, autant qu’un évêque en bénirait… Ouf ! ce n’est plus mon affaire ! Bon voyage, et qu’elle ait bien du plaisir ! »

Déjà, il retournait vers sa femme et le docteur, lorsqu’un ressouvenir se réveilla, le ramena pour demander à voix plus basse :

« Vous me disiez donc que l’enfant… »

Et, lorsque Mathieu eut conté qu’il avait voulu le conduire lui-même aux Enfants-Assistés, pour être bien certain du dépôt, il lui serra vigoureusement la main.

« Parfait ! merci, mon cher… Me voilà tranquille. »

Il chantonna, il revint se planter devant Constance, qui continuait à consulter le docteur. Elle avait pris le petit