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quoi, bien qu’elle lui parût réunir toutes les bonnes conditions désirables.

« Tout le monde se porte bien dans votre famille, vous n’avez jamais eu de parents qui soient morts de la poitrine ?

— Jamais monsieur.

— Naturellement, vous ne me le diriez pas. Il faudrait que les livrets eussent une page pour ces sortes de renseignements… Et vous, vous êtes sobre, vous ne buvez pas ?

— Oh ! monsieur ! » Cette fois, elle se fâchait, elle s’indignait, et il dut la calmer. Son visage, d’ailleurs, s’éclaira d’une joie vive, lorsque le docteur, avec le geste d’un homme qui se risque dans un de ces choix ou il y a toujours une part de chance, déclara :

« Eh bien ! c’est entendu, je vous prends… Si votre enfant peut partir tout de suite, vous entrerez dès ce soir à l’adresse que je vais vous donner… Comment vous appelez-vous ?

— Marie Lebleu. »

Mme Broquette, sans se permettre d’intervenir avec un docteur, avait gardé sa majesté, son air de dame cossue, qui était l’enseigne morale et bourgeoise de la maison. Elle se tourna vers sa fille.

« Herminie, va donc voir si Mme Couteau est encore là. »

Mais, comme la jeune demoiselle levait lentement ses yeux noyés et pâles, sans même se remuer, la mère jugea qu’elle devait faire la commission elle-même. Et elle ramena la Couteau, qui partait, avec les deux jolies filles. Ces dernières restèrent à l’attendre dans l’allée.

Le docteur réglait les questions d’argent, quatre-vingt par mois à la nourrice, quarante-cinq francs au bureau pour les frais, le logement et la nourriture de celle-ci, que les parents pouvaient lui retenir, ce qui ne