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ne consentirai à ce que vous restiez là. Venez, venez, je vous en prie. »

Ses petits yeux de furet s’étaient fixés sur la fille malpropre, en train de torcher son enfant ; et, fort ennuyé du spectacle, il n’insistait si vivement que pour ne pas laisser ces messieurs visiter davantage les dessous de la maison. Le docteur avait justement mené son compagnon jusqu’à la porte-fenêtre de la salle commune, d’où le coup d’œil jeté sur les nourrices, se mettant à l’aise, s’abandonnant, n’avait rien d’aimable. Elles se dégrafaient, s’étiraient, bâillaient, pendant les longues heures de paresse et de somnolence qu’elles passaient là, le long des banquettes à s’engourdir, dans l’attente des pratiques, elles se soulageaient les bras, posaient, comme des paquets, leurs poupons sur la table, qui en était toujours encombrée ; toutes sortes de saletés souillaient le sol, des papiers gras, des croûtes de pain, des chiffons immondes. Et le cœur des deux hommes chavirait devant cette étable, cette vacherie, si mal tenue.

« Je vous en prie, docteur, suivez-moi » répétait M. Broquette.

Enfin, il comprit qu’il fallait sévir, faire un exemple, pour sauver le bon renom de propreté. Et il tomba sur la grosse fille.

« Dites donc, grande sale, est-ce que vous ne pourriez pas prendre un peu d’eau tiède pour le nettoyer, ce petit ?… Et qu’est-ce que vous fichez là, d’abord ? Pourquoi n’être pas montée tout de suite faire votre toilette ?… Faut-il que ce soit moi qui vous jette un seau d’eau par la figure ? »

Il la força de se lever, la chassa devant lui, ahurie, prise de peur. Et, quand il l’eut ainsi poussée jusqu’à l’escalier, en ramenant les deux messieurs devant le bureau, il se lamenta.

« Ah ! docteur, si vous saviez quelle peine j’ai pour