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présenter, pour voir si le patron aurait l’audace de la jeter à la rue.

« Vous savez, ce n’est pas que je sois embarrassée ni que je le regrette, car je ne tomberai jamais sur plus cochon que lui. »

Puis, des minutes se passèrent, très longues, et la conversation devenait pénible, Mathieu répondant à peine, lorsque la Couteau reparut en enfin, dans son coup de vent, de nouveau chargée, ayant l’autre enfant sur les bras.

« Dépêchons, dépêchons ! Elles n’en finissent plus avec leurs comptes, elles se battent à qui ne me laissera pas deux sous de trop ! »

Mais Norine la retint.

« C’est l’enfant de Mlle Rosine. Je vous en prie, montrez-le-moi. »

Elle lui découvrit la figure, elle se récria :

« Oh ! qu’il est gros, qu’il est beau ! En voilà un qui ne demande qu’à vivre.

— Pardi ! fit remarquer philosophiquement la meneuse, c’est toujours comme ça. Du moins qu’il doit gêner tout le monde, on peut être bien sûr qu’il est superbe. »

Norine, égayée, attendrie, le regardait, avec ces yeux caressants des femmes que la vue d’un enfant passionne toujours. Et elle commença une phrase :

« Est-ce dommage, comment peut-on avoir le cœur… »

Seulement, elle s’arrêta, elle changea la phrase.

« Oui, quel crève-cœur, quand on est forcée d’abandonner ces petits anges !

— Bonsoir ! portez-vous bien ! cria la Couteau. Vous allez me faire manquer mon train. Et c’est moi qui ai les billets de retour, les cinq autres m’attendent, à la gare. Elles en feraient, une musique ! » Et, comme elle filait au galop, Mathieu la suivit. Dans l’escalier, qu’elle descendit quatre à quatre, elle faillit tomber avec son léger fardeau. Puis, quand elle se fut