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la Couteau par exemple, lui porter un enfant, on est tout de suite renseigné, on sait ce que cela veut dire. La Couteau a sûrement traité pour la mort du petit. Ça se traite d’une façon bien simple, les parents donnent une somme de trois ou quatre cents francs, à la condition que le petit sera gardé jusqu’à sa première communion ; et vous pensez bien qu’il meurt dans les huit jours il n’y a qu’à laisser une fenêtre ouverte sur lui, comme faisait une nourrisseuse que mon père a connue, et qui, l’hiver, lorsqu’elle avait une demi-douzaine de poupons, ouvrait la porte toute grande, puis sortait faire un tour… Ainsi, tenez ! le petit d’à côté, celui que la Couteau est allée voir, je suis bien certaine qu’elle le portera chez la Couillard, car j’ai entendu Mlle Rosine, l’autre jour, convenir avec elle d’un forfait, d’une somme de quatre cents francs, payée d’un coup, et sans qu’on ait ensuite à s’occuper de rien. » Elle dut se taire, la Couteau rentrait seule, sans Mme Bourdieu, pour prendre l’enfant de Norine. Celle-ci, que les histoires de la petite bonne avaient fini par tirer de son tourment, ne pleurait plus, l’écoutait d’un air très intéressé. Mais, quand elle aperçut la meneuse, elle se rejeta la face dans son oreiller, comme prise de crainte, n’ayant pas la force de voir ce qui allait se passer. Mathieu s’était levé de sa chaise, frémissant lui aussi.

« Alors, c’est entendu, je l’emporte, dit la Couteau. Mme Bourdieu vient de me mettre les indications sur un papier, la date et l’arrondissement. Seulement, il me faut les prénoms… Comment voulez-vous qu’on l’appelle ? »

Norine ne répondit pas d’abord. Puis, d’une voix torturée, étouffée par l’oreiller :

— Bon ! Alexandre… Mais vous feriez bien de lui en