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généralement, perdait patience. Il fallait que la mère s’en mêlât.

« Tiens ! mets la balance près de mon lit, sur la table, et donne-moi le petit dans sa serviette. Nous ferons ensuite le décompte de la serviette. »

Mais il y eut, à ce moment, l’invasion violente de chaque matin. Les quatre enfants, qui commençaient à s’habiller tout seuls, les grands venant au secours des petits, et que Zoé aidait d’ailleurs, parurent, se précipitèrent, en un galop de jeunes chevaux échappés. Ils avaient déjà sauté au cou de papa, s’étaient rués sur le lit de maman, pour dire bonjour, lorsque la vue de Gervais, dans la balance, les cloua d’intérêt et d’admiration.

« Tiens ! demanda le cadet Ambroise, pourquoi donc qu’on le pèse encore ? »

Les deux aînés, les jumeaux Blaise et Denis, répondirent à la fois : « Puisqu’on t’a dit que c’est pour savoir si maman n’a pas été volée, et si on lui a bien donne son poids, lorsqu’elle l’a acheté au marche de la Madeleine ! »

Mais Rose, toujours peu sûre sur ses jambes, grimpait le long du lit, s’accrochait à la balance, en criant de sa voix aiguë :

« Veux voir ! Veux voir ! »

Et elle faillit tout culbuter. Il fallut les mettre immédiatement à la porte ; car, maintenant, les quatre s’en mêlaient, allongeaient leurs petites mains.

« Mes amours, dit le père, faites-moi le plaisir de descendre jouer dehors. Prenez vos chapeaux, à cause du soleil, et restez sous la fenêtre, qu’on vous entende. »

Enfin, Marianne put obtenir une pesée exacte, malgré les plaintes et les sauts de M. Gervais. Et quelle joie, il avait profité pendant la semaine, de deux cent dix grammes ! Après avoir perdu pendant les trois premiers