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parfaite pour eux. Dès qu’elle fut assise, elle s’excusa de ne pouvoir venir plus souvent, elle expliqua tous les devoirs de maîtresse de maison dont elle était accablée  ; tandis que Maurice, habillé de velours noir, réfugié dans ses jupes, ne la quittait pas, regardait de loin les quatre enfants qui le dévisageaient, eux aussi.

— Eh bien ! Maurice, tu ne dis pas bonjour à tes petits cousins ?

Il dut se décider, alla vers eux. Mais tous les cinq restèrent gênés. Ils se voyaient rarement, ils ne s’étaient pas encore allongé des gifles, les quatre sauvages de Chantebled un peu dépaysés devant ce Parisien, aux façons bourgeoises.

— Et tout votre petit monde se porte bien ? reprit Constance, dont les yeux aigus comparaient son fils aux trois autres garçons. Votre Ambroise a grandi, vos deux aînés sont aussi très forts.

Sans doute, son examen ne tournait pas à l’avantage de Maurice, grand et d’air solide pourtant, mais d’une pâleur de cire, car elle eut un rire forcé, elle ajouta :

— Moi, c’est votre petite Rose que je vous envie. Un vrai bijou !

Mathieu se mit à rire ; et, avec une vivacité qu’il regretta tout de suite :

— Oh ! une envie facile à contenter, on a ces bijoux-là, au marché, pour pas cher.

— Pas cher, pas cher, répéta-t-elle, sérieuse, c’est votre opinion, vous savez que ce n’est pas la mienne. Chacun fait son bonheur ou son malheur à sa guise.

Et son regard de blâme ironique et dédaigneux acheva sa pensée. Elle le promena des quatre enfants, de cette poussée de chairs roses, vivantes et pullulantes, à cette femme de nouveau enceinte, à ce ventre débordant d’où la vie allait germer encore. Elle en était blessée, répugnée, irritée même, comme d’une indécence, d’un atten-