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pétilla, emplissant la chambre d’une joie nouvelle. Maintenant, disait-il la chambre était un vrai paradis. Mais il avait à peine fini de se débarbouiller et de se vêtir, que la cloison, derrière le lit, fut ébranlée à coups de poing.

— Ah ! les gaillards, reprit-il gaiement, les voilà réveillés ! … Bah ! c’est aujourd’hui dimanche, laissons-les venir.

C’était, depuis un instant, dans la chambre voisine, tout un bruit de volière en rumeur. On entendait un caquetage, un gazouillis aigu, que coupaient des fusées de rires. Puis, il y eut des chocs assourdis, sans doute des oreillers et des traversins qui volaient tandis que deux petits poings continuaient à battre du tambour contre la cloison.

— Oui, oui  ! dit la mère souriante et inquiète, réponds-leur, dis-leur qu’ils viennent. Ils vont tout casser.

Le père, à son tour, tapa du poing. Alors, ce fut, de l’autre côté du mur, une explosion de victoire, des cris de joie triomphants. Et le père eut à peine le temps d’ouvrir la porte, qu’on entendit dans le couloir un piétinement, une bousculade. C’était le troupeau, il y eut une entrée magnifique. Tous les quatre avaient de longues chemises de nuit qui tombaient sur leurs petits pieds nus, et ils trottaient, et ils riaient, leurs légers cheveux bruns envolés, leurs visages si roses, leurs yeux si luisants de joie candide, qu’ils rayonnaient de lumière. Ambroise, bien qu’il fût le cadet, cinq ans à peine, marchait le premier, étant le plus entreprenant, le plus hardi. Derrière venaient les deux jumeaux, Blaise et Denis, fiers de leurs sept ans, plus réfléchis, le second surtout qui apprenait à lire aux autres, tandis que le premier, resté timide, un peu poltron, était le rêveur de la bande. Et ils amenaient, chacun par une main mademoiselle Rose, d’une beauté de petit ange, tirée à droite, tirée à gauche, au milieu des grands