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LE SANG





Voici déjà bien des rayons, bien des fleurs, bien des parfums. N’es-tu pas lasse, Ninon, de ce printemps éternel ? Toujours aimer, toujours chanter le rêve des seize ans. Tu t’endors le soir, méchante fille, lorsque je te parle longuement des coquetteries de la rose et des infidélités de la libellule. Tes grands yeux, tu les fermes d’ennui, et moi, qui ne peux plus y puiser l’inspiration, je bégaye sans parvenir à trouver un dénoûment.

J’aurai raison de tes paupières paresseuses, Ninon. Je veux te dire aujourd’hui un conte si terrible que tu ne les fermeras de huit jours. Écoute. La terreur est douce après un trop long sourire.