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ET DU PETIT MÉDÉRIC

pagnes, passeront à son côté toute leur vie, sans jamais le découvrir. Si vaste qu’il soit, il tient bien peu de place en ce monde.

— Et le chemin, je vous prie ?

— Oh ! le chemin est simple et direct. Quel que soit le pays où vous vous trouviez, au nord ou au midi, la distance reste la même, et vous pouvez d’une enjambée passer la frontière.

— Bon ! interrompit Sidoine, voici qui me regarde. Dans quel sens dois-je faire cette enjambée ?

— Dans n’importe quel sens, vous dis-je. Voyons, laissez-moi vous introduire. Avant tout, fermez les yeux. Bien. Maintenant, levez la jambe.

Sidoine, les yeux fermés, la jambe en l’air, attendit une seconde.

— Posez le pied, commanda de nouveau le poète. Là, vous y êtes, Messieurs.

Il n’avait pas bougé de son lit de poussière, il acheva tranquillement une strophe.

Sidoine et Médéric se trouvaient déjà au beau milieu du Royaume des Heureux.



XI

Une école modèle


— Sommes-nous au port, mon frère ? demanda Sidoine. Je suis las et j’ai grand besoin d’un trône pour m’asseoir.