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AVENTURES DU GRAND SIDOINE

d’un centimètre. Regarde maintenant ces vilaines bêtes qui nous entourent, brûlées par des millions de soleils ; c’est pure malice, assure-t-on, si elles ne parlent pas ; elles connaissent le secret des premiers jours du monde, et l’éternel sourire qu’elles gardent sur les lèvres est simplement par manière de se moquer de notre ignorance. Pour moi, je ne les juge pas si méchantes ; ce sont de bonnes pierres, d’une grande simplesse d’esprit, et qui en savent moins long qu’on veut le dire. Écoute toujours, mon mignon, et ne crains pas de trop apprendre. Je ne te dirai rien sur Memphis, dont nous apercevons les ruines à l’horizon, et je ne te dirai rien par l’excellente raison que je ne vivais pas au temps de sa puissance. Je me défie beaucoup des historiens qui en ont parlé. Je pourrais lire, comme un autre, les hiéroglyphes des obélisques et des vieux murs écroulés ; mais, outre que cela ne m’amuserait pas, étant très-scrupuleux en matière d’histoire, j’aurais la plus grande crainte de prendre un A pour un B, et de t’induire ainsi en des erreurs qui seraient pour toi d’une déplorable conséquence. Je préfère joindre à ces considérations générales un léger aperçu sur les momies. Rien n’est plus agréable à voir qu’une momie bien conservée. Les Égyptiens s’enterraient sans doute avec tant de coquetterie dans la prévision du rare plaisir que nous aurions un jour à les déterrer. Quant aux pyramides, selon l’opinion commune, elles servaient de tombeaux, si pourtant elles n’étaient pas destinées à un autre usage qui nous échappe. Ainsi, à