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ET DU PETIT MÉDÉRIC

faisait leur force et que, nés l’un loin de l’autre, ils auraient été de pauvres diables fort incomplets, obligés de vivre selon les us et coutumes de tout le monde ? As-tu suffisamment compris que, si j’avais de mauvaises intentions, je pourrais cacher là-dessous quelque sens philosophique ? Es-tu enfin décidée à me remercier de mon géant et de mon nain, que j’ai élevés avec un soin particulier et de façon à en faire le couple le plus merveilleux du monde ?

Oui ?

Alors je commence, sans plus tarder, l’étonnant récit de leurs aventures.



II

Ils se mettent en campagne


Un matin d’avril, ― l’air était encore vif, et de légers brouillards s’élevaient de la terre humide, ― Sidoine et Médéric se chauffaient à un grand feu de broussailles. Ils venaient de déjeuner et attendaient que le brasier se fût éteint, pour faire un bout de promenade. Sidoine, assis sur une grosse pierre, regardait les charbons d’un air pensif ; mais il fallait se défier de cet air-là, car il était connu de tous que le brave enfant ne pensait jamais à rien. Il souriait béatement et appuyait les poings sur les genoux. Médéric,