perbe sac qui fit le plus grand honneur à Sidoine.
Une autre fois, il eut une idée plus ingénieuse encore. Comme une révolution venait d’éclater dans le pays, et que le peuple, pour se prouver sa puissance, brisait les écussons et déchirait les bannières du dernier règne, il se fit donner sans peine tous les vieux drapeaux qui avaient servi dans les fêtes publiques. Je te laisse à penser si la blouse, faite de ces lambeaux de soie, fut splendide à voir.
Mais c’étaient là des habits de cour, et Médéric cherchait une étoffe qui résistât plus longtemps aux griffes et aux dents des bêtes fauves. Un soir de bataille, les loups ayant achevé de dévorer les drapeaux, il lui vint une subite inspiration en considérant les morts restés sur le sol. Il dit à Sidoine de les écorcher proprement, fit sécher les peaux au soleil, et, huit jours après, son grand frère se promenait, la tête haute, vêtu galamment des dépouilles de leurs ennemis. Ce dernier était un peu coquet, ainsi que tous les gros hommes, et se montrait très-sensible aux beaux ajustements neufs ; aussi se mit-il à faire chaque semaine un furieux carnage de loups, les assommant d’une façon plus douce, par crainte de gâter les fourrures.
Médéric n’eut plus, dès lors, à s’inquiéter de la garde-robe. Je ne t’ai point dit comment il arrivait à se vêtir lui-même, et tu as sans doute compris qu’il y arrivait sans tant de ruses. Le moindre bout de ruban lui suffisait. Il était fort mignon, et de taille bien prise, quoique petite ; les dames se le disputaient pour l’attifer de ve-