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DE MAZAS À JÉRUSALEM

Il sait que l’isolement, une longue privation de la parole, rendent loquaces les moins causeurs. Il tient d’instinct l’emploi de « mouton ».

C’est son plaisir.

Et, une fois, c’est le mien de lui dire ce que je pense de ce régime cellulaire :

Une belle chose, la réclusion !

Et faite pour sauver, n’est-ce pas ? les malfaisants, ces malades.

Eh bien ! regardons-la, cette médication sociale, cette cure pour les défaillants. Abandonné à l’idée fixe, l’homme saigne sa vie. Il en est qui ne supportent pas les angoisses de la prévention. On en décroche journellement qui se balancent aux barreaux, le cou cravaté de leur chemise en lanière. Parfois ce sont des innocents.

L’isolement ronge l’énergie.

La cellule est pervertisseuse. D’autres hommes s’abîment lentement. Pour échapper au présent, les plus chauds souvenirs s’évoquent. Les tempéraments s’exacerbent, l’esprit se détraque, la rage charnelle l’emporte et flambe dans la solitude… Me direz-vous que vous ignorez les inscriptions qui souillent