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DES DEUX CÔTÉS

Avec un ensemble touchant, à bras raccourcis, l’on tomba sur le courageux citoyen :

— Mais ce n’est pas moi, implorait-il.

Rien n’y fit. Et tout cela se passa si prestement et avec un tel entrain que le bonhomme était à demi assommé lorsque les sergents de ville arrivèrent.

— Ce n’est pas moi, ce n’est pas moi, répétait-il, en se cramponnant à mon veston.

— Tu vas te taire, firent les agents en lui bourrant la figure, tu es plus coupable que lui.

Dans la confusion, ces brutes avinées croyaient que le pauvre sire trop zélé avait voulu favoriser ma fuite… Tout à la fois j’étais pris et assez rudement ramené vers le poste.

La foule, ignoble et lyncheuse, hurlait sur notre passage, faisait la haie, agitant les poings et les cannes en un hystérique désir de porter des coups anonymes.

Lâche peuple !

Et c’était le blessé qu’on visait !

Ma sauvegarde fut d’être intact et mieux vêtu, la tête haute et le regard sûr. Un seul