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DES DEUX CÔTÉS

sons, la vue indiscrète du Diable boiteux.

Comme tout le monde paraît s’ennuyer, peu vivre.

Même ce petit ménage qui tous les soirs, à huit heures, rentre pour dîner, la table bien mise devant les deux géraniums de la croisée.

La nappe est blanche.

Des habitudes posent le pain, le beurrier, la salière à des places toujours les mêmes, le litre de vin sur la petite soucoupe de bois.

Ils sont méticuleux, soucieux aussi, ombrageux, un pli au front ; le mari, employé de commerce sans doute, n’arrivant pas à secouer l’engourdissement de sa journée vide ; la femme travaillant douze heures dans un magasin.

Comme au travail, devant le couvert bien mis, ils sont à l’heure précise.

La ponctualité pesée, silencieuse et comme machinale de leur existence leur donne je ne sais quel air automatique parmi l’ordonnance familière des objets.

L’autre soir cependant ils étaient plus animés, quelque chose semblait dérangé dans