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DE MAZAS À JÉRUSALEM

Parfois je me demande, sans inquiétude d’ailleurs, si quelque bruit fâcheux circule sur mon compte, si l’on n’a pas découvert quelque action brigande à mon passif, et si le silence des commensaux de jadis provient d’une honnête réserve.

Même pas cela.

Un an et demi, c’est long. C’est une mort. Et l’on ne va plus au cimetière.

On en sortira cependant, assez vivant.

Et sans amertume contre les défaillances de la camaraderie. C’est un service rendu. Quelquefois au boulevard, au hasard des rencontres, aux banalités échangées, presque on s’imaginerait qu’on ne marche pas seul. Elle est salutaire la petite atteinte d’amour-propre qui vous révèle, en prison, qu’on est si vite oublié. C’est bien. On n’en sera que plus fort.

L’isolement répète ceci : nous n’existons que par nous-mêmes.

Par ces temps de bon-garçonnisme aveulissant, moins on tient de relations dans la gent-de-lettres, mieux cela vaut. Les simagrées