Page:Zo d’Axa - De Mazas à Jerusalem.djvu/223

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
225
LE GRAND TRIMARD

Ces refus sont journaliers.

Des hommes sont ainsi matériellement empêchés de revenir au travail. Ils s’en vont comme avec la marque. Ils n’osent pas se présenter ou sont mal reçus. Et alors ?…

Un autre détenu ayant eu un jour de pain sec en six mois (première condamnation) n’est pas autorisé lui non plus. On méditera la réponse que lui fit le Ramollot de la prison :

— Une autre fois, quand vous reviendrez, vous tâcherez d’avoir une meilleure conduite.

Triste époque où plus rien n’émeut, où la masse est inerte, où les écrivains n’osent pas.

L’acceptation résignée ternit Paris.

De la « Grande Sibérie », la dernière cellule en haut d’où la vue s’étend sur la ville, je songe, la tête contre les barreaux, et les maisons dans le demi-deuil de leurs façades grises sont mornes. L’avachissement qui remplace l’indiscipline superbe d’un peuple me fait voir comme une cité en léthargie :

Qui sonnera le réveil ?