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LE GRAND TRIMARD

Crète violâtre à l’horizon, le panorama changeant de la mer, les joies renaissantes des libres courses…

Il allait falloir y renoncer.

Au pied des monts de la Calabre, dans une vision de nature sauvage, je perçus plus âprement l’ironie de ma situation.

Le soir, dans le détroit de Messine où l’Etna s’endort en ronflant, nous longions le littoral italien. Les barques de pêcheurs avoisinaient le navire. On distinguait dans leurs villages les paysans retour des champs. Un désir exaspéré me mordit à sentir si proche la côte, une envie de plonger vers la rive, vers la liberté — et de la reconquérir à la nage.

Mais trop de gens veillaient à bord, penchés sur les bastingages, attentifs au point de vue et la nuit ne se faisait pas sombre.

Avais-je aussi les scrupules du prisonnier sur parole ?

Peut-être.

Tant de préjugés qui n’embarrassent plus notre esprit, paralysent encore nos actions.

On hésite.