Page:Zo d’Axa - De Mazas à Jerusalem.djvu/204

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
206
DE MAZAS À JÉRUSALEM

Saïd, cet énergumène distingué descendit avec d’autres bagages.

Et le capitaine, ayant appris sa ridicule équipée, s’en montra si peu satisfait qu’il me fit enlever les fers… Il s’étonnait qu’on provoquât l’individu sans défense.

N’est-ce pourtant pas l’éternelle histoire ?

Un naïf, un brave homme, ce capitaine, rude et bon enfant, ayant dix années de sa vie navigué dans les mers de Chine. Il me donna une cabine, m’octroya la permission de me promener à ma guise et s’étant avisé que mon chapeau — lacéré par les janissaires — était plutôt excentrique, il poussa la courtoisie jusqu’à m’offrir un feutre n’ayant pas trop fait campagne.

J’ai conservé ce feutre gris — le chapeau du bon capitaine !

La belle traversée de dix jours sur ce grand lac, sous le ciel bleu. J’oubliais, des heures durant, des lambeaux de nuits étoilées, que je voguais vers les geôles. Alexandrie, jeune toujours, à l’avant-garde des Pyramides, la