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DE MAZAS À JÉRUSALEM

On me prit argent et papiers, lettres d’amis, notes de voyage ; on m’arracha ma sacoche et cela si brutalement que la patience un instant m’échappa : je repoussai d’une gifle un drogman.

La bagarre qui s’ensuivit fut cruelle pour mes habits, pour mon chapeau qu’on défonça ; j’y perdis aussi une pleine poignée de cheveux. À travers les jardins de l’hospice, les gens du consulat me traînèrent jusqu’à un pavillon où je fus enfermé dans une chambre solidement grillagée.

Le singulier diplomate au jargon joyeux vint me narguer derrière les barreaux : j’avais grand tort de n’être pas satisfait. La France est puissante en Orient. Tout ça était régulier. J’étais arrêté en vertu des bonnes Capitulations.

— Capitulations, rappelez-vous… un traité de la Sublime Porte avec le grand François Ier.

Je restai quinze jours dans ma cellule, gardé à vue. Ce local avait été choisi parce qu’on le jugeait plus sûr que la prison même.