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DE MAZAS À JÉRUSALEM

porte se trouve une planchette sur laquelle doivent se placer les vivres que l’on fait passer du dehors. On y dépose un pain noir, pas de ce beau pain de soldat à la croûte croquante et dorée, un pain veule, humide, une boule de son ! Vers neuf heures on apporte une gamelle dans laquelle un rond de carotte flotte sur la transparence d’un liquide. Dans l’après-midi, à trois heures, second et dernier repas : du riz. Sa blancheur est immaculée, les grains sont beaux, fermes et rebondiraient sur le sol. Un fakir s’en régalerait peut-être, — je ne savoure pas ce buddhisme-là.

Mais ce qui devient pénible vraiment c’est le ton sur lequel à tout propos et hors propos l’on vous interpelle. C’est l’insolence du garde-chiourme. Vingt fois au guichet une tête se montre, maussade, avec des regards circulaires :

— Balayez ! Il y a des mies de pain par terre. Ouvrez la fenêtre. Fermez la fenêtre. Remuez-vous… au lieu de rêver à vos sales histoires !