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DE MAZAS À JÉRUSALEM

eaux douces d’Eyoub, le village des morts : des pierres blanches et des cyprès au long des rues où les passants sont rares, des tombeaux encastrés entre les maisons et de telle façon qu’on croirait un bourg macabre bâti sur un grand cimetière.

D’Eyoub, c’est tout Stamboul qu’il faut traverser pour arriver à Sainte-Sophie et au Bazar. D’abord un ghetto sordide aux masures branlantes, sorte de léproserie où le Turc a parqué les juifs. Des chemins ravinés, des escaliers, on monte, l’air s’épure autour des mosquées ; en bas c’était la vie clandestine, ici c’est l’intime secret des habitations closes, impénétrables : on conçoit derrière les fenêtres treillagées les joies jalouses du harem.

Par la ville, pas une figure de femme, les mousselines combinées du yachmak ne montrent que de grands yeux vagues — et c’est un raffinement d’avoir caché les lèvres.

Il y a plus à violer.

Les pudeurs sont-elles autre chose que de subtiles dépravations ?

En plein vent, sur les places, les marchands