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LE GRAND TRIMARD

chrome, chatoyante qui tourne comme au manège sur la petite place aux trois palmiers poussiéreux.

À la terrasse d’un café d’allure mauresque, où l’anisette et le « mastic » étaient servis sur de petites tables basses, parmi les soucoupes d’olives, déjà je m’adonnais pieusement à mon premier narghilé.

Le tabac blond se consume lentement dans la cheminée de terre rouge, sous le charbon parfumé, tandis qu’en la carafe aux armatures de cuivre l’eau ronronne des glouglous fantasques ; le narghilé s’érige hiératique et le long tuyau à bout triangulaire d’ambre opaque se déroule comme les anneaux de quelque serpent sacré…

C’est autre chose que le brûle-gueule.

Et je veux dire qu’au point de vue décoratif, entre les hommes de ce pays et les habitants du nôtre, il est analogue différence. Ces Grecs ont des signes de race. Le moindre conducteur de dindons a la distinction native que nos Messieurs-bien cherchent en vain ; avec la finesse de ses traits le paysan même con-