Page:Zo d’Axa - De Mazas à Jerusalem.djvu/145

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
147
LE GRAND TRIMARD

Il n’est pas plus dégradant de se louer pour trois francs que pour six.

Je préfère les lazzarones, les réfractaires, quels qu’ils soient, tous ceux qui ne contribuent point à faire marcher cette machine dans les roues de laquelle à plaisir je placerai toujours des bâtons.

Mais puisqu’en cette société les résignés sont le nombre, puisqu’on ne discute que des tarifs, tous les Piémontais errants ont le droit de traiter à leur guise.

C’est même une dernière fierté de défendre ce droit fer au poing.

Pendant le temps de la quarantaine, ce caractère des émigrants se révélait par maints aveux — et m’était une étude de choix.

J’appréciais le côté farouche de leur individualisme.

C’est de la graine de révoltés. On s’entendait.

À la veille de nous séparer, quand on repartit pour Patras, ce fut une fête entre nous, un solide festin de polenta.