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LE GRAND TRIMARD

la révolte à bord et s’enfuirent vers leur cabine.

Le capitaine accourut, cette fois, pour de bonnes paroles : on nous donnerait à manger, il y avait eu erreur, nous avions droit à la ration des matelots…

Comme nous n’étions pas difficiles, on cria : Vive le commandant !

Mais en réintégrant nos quartiers les émigrants étaient goguenards et leurs hourras se prolongeaient ironiquement.

De curieux types, ces Piémontais, d’une obséquiosité gouailleuse, d’une audace faite d’insouciance, courant le monde en mercenaires — condottieri du travail.

Ils sont ainsi des milliers. Au pays leurs bras ne s’utilisaient plus ; vivre chez eux devenait impossible : pas d’ouvrage ! Ils s’en vont et c’est à la recherche des labeurs hasardeux.

Ce sont eux qui s’entassent dans les paquebots, pêle-mêle, pour le sud américain, ils seront pionniers hardis ; ce sont eux qui peuplent les chantiers sur les lignes de chemin de