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LE GRAND TRIMARD

On s’éloigna.

Bientôt les côtes albanaises, de vastes solitudes de déserts rocheux, l’espace morne sur la ligne brisée des brisants.

À Corfou de nombreux navires semblant être en pénitence de loin en loin aux arrêts. Et dans le golfe attristé les zigzags du yacht employé à l’inspection sanitaire. Partout, en berne, le drapeau jaune.

La quarantaine débuta mal.

On prétendit que l’argent versé par nous ne nous donnait, pendant les cinq jours, aucun droit à la nourriture. C’était seulement une taxe pour la place que nous occupions.

Or, on ne nous avait pas fourni de couchettes, pas même de couvertures, pas un abri si ce n’est les corridors, près de la machine et des cuisines où parfois régnait une bonne odeur de viandes rôties.

Malgré ce précieux avantage, un florin quotidiennement pour notre « emmagasinage » c’était une duperie vraiment. Et d’autant moins supportable que la plupart d’entre nous, per-