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DE MAZAS À JÉRUSALEM

L’inspecteur de police me laissa entendre du reste que — si c’était possible, mon cas s’aggravait. J’avais en effet écrit et expédié la veille, par lettre recommandée, un article sur un tout récent procès de Milan. Les violeurs du Cabinet noir l’avaient déjà parcouru. Avant d’avoir paru, l’article était condamné. Je méritais une leçon.

Quand des souteneurs, au coin d’une rue déserte, se jettent à dix sur un promeneur attardé, ils ne souffrent pas qu’une personne accourue intervienne. Une seule parole déchaîne la meute. De même les pays civilisés n’admettent point qu’un étranger s’occupe de leurs affaires — cruellement malpropres. Ils l’avouent généralement, sans pudeur :

— Nous vous donnons l’hospitalité, mais vous devez garder le silence.

Se taire ! Rester inerte lorsque, sous nos yeux, des infamies se commettent, lorsque les maîtres supplicient les esclaves, lorsque des magistrats frappent des innocents ; désarmer en un mot, tant que cette Société sévit — jamais ! Nous ne serions plus nous-mêmes. Et