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DE MAZAS À JÉRUSALEM

Et non seulement j’ai vu, mais j’ai senti — j’ai senti les menottes.

Ils étaient huit, la nuit de l’autre semaine, quand ils sont venus troubler mon vertueux sommeil bercé par un joli rêve. Je rêvais que je quittais Turin — la ville monotone, pour l’Espagne, pour Barcelone… Ils étaient huit en petit chapeau mou et en cravate de poète. Avec cela des revolvers dans les poings. Les portes enfoncées. Des lanternes sourdes. Le pillage de mes valises et en route pour la Questure.

Ne voulait-on pas me faire faire le chemin à pied ? Le chef des Petits-chapeaux insinuait déjà :

— Ce n’est pas bien loin et à cette heure-ci nous ne rencontrerons pas un fiacre.

Je dus lui expliquer qu’en ce cas ce seraient ses hommes qui me porteraient — et de force. Il fallut bien trouver des voitures ; on en trouva. Par exemple ce fut une désillusion pour le commissaire ; il fit une assez laide grimace en renonçant à mettre dans sa poche les frais de route.