Page:Zo d’Axa - De Mazas à Jerusalem.djvu/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
111
LE GRAND TRIMARD

gers de l’entrepont, de ces sans-le-sou qui sont sans pose et laissent crier leur sensation naïve. Fini l’irritant débit, la récitation maniérée des lieux communs triomphants ; on parle espoir et tracas. Et suivant le temps et suivant l’heure éclatent des mots imagés.

Puis il arrive qu’en troisième le hasard ménage parfois les meilleures camaraderies, c’est une chance : j’ai descendu la Tamise en la compagnie aimable de troubadours besogneux qui payaient leur transport en jouant de moment à autre quelque valse de leur pays.

Têtes brunies sur des corps souples de Bohémiens — et des violons endiablés. Il revenaient d’une tournée dans la campagne écossaise.

Ils émigraient fuyant l’hiver.

Quelques-uns parlaient français et me dirent leur vie nomade. C’était joli et séduisant d’insouciance : ils allaient devant eux — soleil, grand air et musique.

Je fus des leurs trop peu de temps.