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ne sont pas en trompette, — pas en trompette militaire. On hurle : À mort ! À mort ! À mort ! On prend la revanche de Sedan en esquintant des Alsaciens qui croient que leurs compatriotes, le sénateur Scheurer-Kestner et le lieutenant-colonel Picquart ne sont pas les agents de l’Allemagne…

On devient fou.

On devient lâche.

Des bandes s’organisent et fonctionnent.

On se rue, comme en pays conquis, sur l’isolé, sur le suspect — celui qui ne crie pas : Vive l’armée !


Or, Vive l’armée, on nous l’a dit, on l’a inscrit en manchette dans des journaux tricolores, cela signifie d’abord : À bas la république !

Ce ne serait rien si ce n’était que ça.

Mais qu’en pensez-vous tout de même, gens de la Commune, hommes d’émeute, qui ne vous convertîtes point, sur le tard, au culte de la soldatesque ?

Vieilles barbes de 71, je crois que vous voilà rasées !

Votre république n’était pas viable. Elle portait son germe de mort dans quelques préjugés chauvins, dans quelques graines d’épinards…