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C’est tant mieux ! pour le commandant. Dès qu’un homme est sous le coup de la loi, je souhaite qu’il s’en tire. C’est tant pis ! pour le capitaine qui, j’imagine, eût été mieux inspiré de tenter l’évasion sans bruit.

Coupable ou non, il est dangereux d’en rappeler au conseil de guerre.

Ces tribunaux ne se déjugent pas.

S’il s’agissait de magistrats de carrière, on pourrait espérer qu’après leur mort — trente ans après, en moyenne — leurs successeurs daigneraient revoir impartialement le dossier.

Il y a des exemples.

Il n’y en a pas avec des juges militaires.

Ceux-ci n’avouèrent jamais d’erreur. De là leur vient précisément cette superbe réputation qu’ils partagent avec le pape :


Tous ces messieurs sont infaillibles.


À l’occasion, des officiers peuvent trahir. C’est vous qui le dites ! Ils assassinent comme Anastay. Ils volent comme les deux lieutenants que la presse nommait le mois passé. À part ça, ils sont infaillibles…

Le bizarre de l’anecdote, c’est que les purs soutiens d’Esterhazy et les passionnés défenseurs de Dreyfus choisissent cet instant critique pour