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… Les chourineurs d’infanterie de marine, les petits marsouins vont donc mourir, Ils ont, à trois, pas joliment, saigné un gueux qui passait. On les fusillera demain.

Nous sommes contre la répression. L’idée de châtiment nous répugne. Mais le verdict frappant quelques surineurs révoltera moins nos consciences que l’exécution sommaire pour une insulte au caporal.

Laissons passer la Justice du Sabre !

Or, le Sabre fut, hier, clément. Les trois soldats qui avaient tué ne seront pas tués. Le conseil de guerre, indulgent et compréhensif, abolit la peine capitale : trois militaires pour avoir tué un homme ne subiront qu’une peine légère. Le conseil de guerre se fait paternel, il donne des avertissements :

— Que cela vous serve de leçon, jeunes gens. Vous avez assassiné un ouvrier, c’est un tort — puisque vous n’en aviez pas reçu l’ordre. Prenez garde ! On commence par tuer un civil, on finit par outrager un supérieur… Et c’est douze balles dans la peau.

— Jamais, répondirent les assassins, nous ne manquerons de respect au sergent.

— Je vous y engage… Et rompez ! fit d’une voix un peu bourrue le colonel du conseil de guerre.