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Dans la déchéance de notre race, l’Armée seule est encore debout.

Et quel triste rôle jouerions-nous donc, vous et moi, le passant, l’ouvrier, l’employé, l’artiste, ramas de pékins, piètre engeance, si nous n’avions au moins l’excuse d’entretenir les militaires ?


Que le peuple y pense et, s’il en est encore temps, se ressaisisse. Que les hommes valides reprennent du service et que les autres élèvent leur cœur… Une saine poussée d’orgueil me vient. Je perçois un bruit de godillots :

Un pied-de-banc passe sur le boulevard…



FINI DE SOURIRE


L’homme dont je recevais la visite, hier, les avait entendus douze ans, autour de sa cellule, les pied-de-banc. Douze ans, dans les pénitenciers militaires d’Algérie, il avait saigné sa vie sous la barre-de-justice et les matraques de la chiourme.


Son crime : une absence illégale, ce qu’on appelle, en argot de police, désertion à l’intérieur. De plus, il avait répondu au caporal qui l’insultait.