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Les paisibles populations, vivant autour des poudrières, essayent de se tranquilliser en adoptant l’hypothèse, moins cruelle, d’un attentat.


Qui aurait fait le coup ? That is the question. Les Anglais ?

Je sais bien que la reine Victoria voyage en ce moment dans le Midi ; mais elle produit un alibi : elle se trouvait encore à Londres au moment de la catastrophe. Qu’un de ses fidèles sujets croyant à un conflit prochain ait voulu, par patriotisme, risquer le paquet de munitions et brûler la poudre ennemie, c’est une pure supposition. Elle vaut celle de certains Anglais soupçonnant, eux-mêmes, les Français d’avoir causé récemment l’explosion d’une chaudière… à bord d’un cuirassé de la Reine !

Quant aux Allemands, à l’heure exacte où se produisait le cataclysme de Lagoubran, ils relevaient, à Metz, devant la porte d’une poudrière, le cadavre de la sentinelle, soldat au 4e bavarois. Eux du moins eurent le bon goût de ne pas criailler sans preuves. Ils se gardèrent bien d’accuser de cette mort insolite un ligueur de la « Patrie Française ». Pourtant on avait vu Barrès, la semaine d’avant, à Nancy.

Pas plus en France qu’en Allemagne, il n’est donc séant de suspecter quelque hardi patriote