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coucher des millions de victimes, se contentent spontanément de faire une soixantaine de cadavres.


Les forces assassines emmagasinées dans la poudrière de Lagoubran ont été presque bénévoles en l’éclat qui les annulait. Dans la culasse des canons ou près l’éperon des torpilles, elles auraient fait autres merveilles. Des navires auraient sauté, des villes auraient été bombardées ensevelissant sous leurs décombres les combattants et les vieillards et les enfants et les femmes. Il y avait, à Lagoubran, de quoi savamment doser la mort, faucher dans le tas ; décimer l’ennemi de l’extérieur et mettre à la raison les gueux qui se rebellent à l’intérieur. Les puissances meurtrières latentes promettaient plus qu’elles n’ont tenu. Dans les cartouches des lebels elles auraient pacifié des grèves…

Au lieu de cela, quoi ? cinq douzaines de pauvres diables étripés sans qu’aucun exemple en résulte ; un accident de travail. Un fait divers sans morale.

Et ce serait de la poudre perdue, si nous n’étions pas là, Messieurs, pour en tirer quelque glose.


Une poudrière a désarmé ! voilà le fait.

Logiquement, ne devrait-on pas se féliciter